Le château de Germolles, situé au cœur de la Bourgogne, non loin de Beaune et de Chalon-sur-Saône, est la mieux préservée des résidences des ducs de Bourgogne. Bâtie dans la seconde moitié du XIVe siècle, cette demeure témoigne d’une page importante de l’histoire régionale. Le château est en outre l’un des rares exemples des demeures de ce type encore bien conservées en France pour le XIVe siècle et la première moitié du XVe siècle, où la plupart des palais princiers de cette période ont presque entièrement disparu.

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Germolles 1920-15 DxO
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Ce site remarquable évoque la vie de cour en France à la veille de la Renaissance. Aujourd’hui, le château est largement ouvert à la visite et organise d’octobre à juin une saison culturelle.

(Les photos à l’intérieur du logis sont interdites)

Une riche histoire

Les origines : la maison forte des sires de Germolles

Le site de Germolles est occupé dès le XIIIe siècle par une maison forte bâtie par les seigneurs féodaux du lieu : les sires de Germolles. Le premier connu est un certain Guigon, miles, qui est attesté en 1257 et 1267 descendant et ou héritier de Guillaume d’Esrée, attesté en 1215 ou il est dit comme fidèle d’Élisabeth de Montaigu (château de Montaigu) qui lui remet un fief. Lui succède Geoffroy jusqu’en 1296, puis Guillaume 1er (1329), et Jean (1330 – 1340).

Dans la seconde moitié du XIVe siècle, la situation financière de ses propriétaires est telle, qu’ils doivent céder le domaine, alors acquis par le duc de Bourgogne, Philippe le Hardi.

On connaît mal la physionomie de la forteresse des sires de Germolles. Sans doute s’agissait-il d’un château armé de grosses tours et ceint de murs solides, percés de rares fenêtres. De ce bâtiment primitif, deux espaces sont aujourd’hui conservés : la chapelle basse et le cellier.

 

La demeure de plaisance de Philippe le Hardi et Marguerite de Flandre

C’est en 1380 que Philippe le Hardi, premier duc de Bourgogne issu de la maison capétienne de Valois, acquiert par confiscation le domaine de Germolles. Il l’offre très rapidement à son épouse, la duchesse Marguerite III de Flandre. Des travaux importants et coûteux sont immédiatement entrepris ; ils dureront une dizaine d’années.

L’objectif de la duchesse est de transformer l’austère et archaïque forteresse du XIIIe siècle en un palais de campagne. Pour ce faire, elle convoque les artistes qui sont attachés au couple ducal : maître maçon Drouet de Dammartin, les sculpteurs Jean de Marville et Claus Sluter et le peintre Jean de Beaumetz. On retrouve ces artistes travaillant à la même période à la chartreuse de Champmol, la grande œuvre du duc.

Peu à peu l’édifice se métamorphose en un somptueux palais campagnard. Le vaste édifice rectangulaire, entouré de douves remplies d’eau, enserre une cour fermée. Les ailes sud et est reçoivent les appartements tandis que l’aile ouest est consacrée aux espaces de réception, et l’aile nord aux gardes.

La duchesse de Bourgogne, énergique et terrienne, décide de développer à Germolles certaines activités rustiques capables de composer un environnement plaisant à sa demeure préférée, tout en rapportant quelque argent et en développant l’agriculture locale. Ainsi plante-elle une vaste roseraie dont les pétales sont expédiés en Flandre pour y être distillés et faire de l’eau de rose. De même une bergerie modèle est-elle construite afin de répondre au goût de la duchesse pour le mouton mais aussi pour mieux implanter en Bourgogne un animal qui, grâce à sa laine, a fait la fortune de la Flandre.

Le roi Charles VI de France est reçu à Germolles le 12 février 1389, à l’invitation de son oncle et de sa tante.

Le château après la période ducale

Après Philippe le Hardi et Marguerite de Flandre, le château appartiendra aux trois ducs de Bourgogne qui leur succèdent : Jean sans Peur, Philippe le Bon et Charles le Téméraire. Après la défaite de celui-ci, tué à Nancy en 1477, le château revient à la couronne royale.

Engagé par le roi à différentes familles jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, le château est vendu comme bien national pendant la Révolution française. Des destructions, volontaires ou accidentelles, dues en particulier au manque d’entretien des lieux, vont entraîner la disparition de certaines parties de l’édifice. Racheté à la fin du XIXe siècle, le château est resté depuis près d’un siècle et demi dans la même famille.

Le cellier (XIII siècle)

Description

Les vestiges de la forteresse primitive

De la première période de Germolles, le XIIIe siècle, datent deux salles bien conservées et intégrées au sein du palais ducal aménagé ultérieurement. Le vaste cellier, réservé jadis au stockage du vin et des aliments, a conservé son aspect médiéval. Son élévation fait voisiner éléments gothiques, marques de la nouvelle architecture qui se développe alors en Occident, et éléments romans, souvenirs d’un style qui a marqué la Bourgogne au cours des deux siècles précédents. La chapelle basse qui présente les mêmes caractéristiques, offre un décor sculpté qui mêle des reliefs issus du répertoire roman et des feuillages annonçant l’avènement du gothique.

Les deux tours qui cantonnent l’entrée du château existaient sans doute dès le XIIIe siècle. Elles ont été réutilisées et ré-habillées au XIVe siècle. Même si à l’époque ducale le château n’était plus une forteresse, mais bien un palais, la qualité des maîtres des lieux exigeait la présence d’une escorte, cantonnée dans le châtelet d’entrée comprenant les tours et les corps de garde.

Les fastes d’une demeure princière

À l’entrée de la cour, un large escalier à vis accueille le visiteur. Marque du caractère palatial du lieu, il possède une ampleur qui souligne la qualité de la demeure. La porte d’entrée est décorée d’un tympan sculpté figurant les armes de Philippe le Hardi.

La salle d’honneur, vaste espace de réception utilisé pour recevoir au XIVe siècle les hôtes de marque, a été dévastée par un incendie (?) au début du XIXe siècle, mais elle a conservé son ampleur. La paroi sud était jadis ornée d’une cheminée monumentale surmontée d’une tribune pour les musiciens, transportée au XXe siècle dans le grand hall du château. Due au ciseau de Claus Sluter et de son atelier, elle est ornée de chapiteaux historiés figurant notamment l’un des épisodes du roman de Chrétien de Troyes, Yvain ou le Chevalier au lion.

La salle d’honneur sert aujourd’hui de lieu de présentation de vestiges découverts sur le site, en particulier des carreaux de pavages. Le château conserve une abondante collection de ces carreaux qui décoraient autrefois le sol des salles des premier et second étages. Réalisés en terre cuite émaillée, ils sont souvent ornés de motifs évocateurs des seigneurs du lieu : marguerites, lions, mais aussi roses, chardons, moutons, soleils, fleurs de lys, etc.

La chapelle basse

Une chapelle pour la duchesse

L’architecte officiel de la duchesse a conçu, juste au-dessus de la chapelle basse, trop archaïque et placée à un endroit peu convenable (le rez-de-chaussée n’est pas le niveau adéquat pour un prince), une chapelle haute. Sise au premier étage — l’étage « noble » — ce sanctuaire est composé d’une nef, mais surtout d’un chœur, installé dans une élégante tourelle octogonale en échauguette, et d’un oratoire, petite pièce confortable, dotée d’une cheminée, qui était réservée aux dévotions de la maîtresse des lieux.

À la fin du XIXe siècle, un incendie a ravagé cet ensemble raffiné, décapitant cette partie du bâtiment et mettant à ciel ouvert ces vestiges délicats. En 2009/2010 une campagne de restauration, conduite avec l’aide de l’État et du Département de Saône-et-Loire, a permis de restituer à la tourelle du chœur son toit en ardoise et de redonner à la nef le volume qui était jadis le sien en récréant son voutement. Sur cette restauration, la région Bourgogne décerne un 10e prix régional du patrimoine pour la participation active de Mathieu Pinette et Christian Degrigny à la restauration du patrimoine bâti.

L’entrée de la grande vis (XIV siècle)

Le corps de logis ou le luxueux confort de la cour de Bourgogne

Le corps de logis, actuellement séparé du reste de l’édifice mais qui appartenait autrefois au même bâtiment ceinturant la cour, est sans doute la partie la plus exceptionnelle du lieu. Particulièrement bien conservé, il a gardé les éléments qui signalent la qualité de cette construction : larges fenêtres ouvertes sur l’extérieur, tourelles d’escalier en pierres de taille, cheminées gothiques… Sa structuration sur trois niveaux est la traduction architecturale de la cour brillante accompagnant le duc et la duchesse de Bourgogne : le rez-de-chaussée est réservé aux activités domestiques, le premier étage est celui de la suite ducale et le second correspond aux appartements de la cour.

Dans une cuisine, située au rez-de-chaussée, la grande cheminée gothique toujours en place évoque les activités qui se développaient en ce lieu. Un décor de peintures murales, inspiré du motif médiéval de la rose, témoigne des réfections conduites au tout début du XXe siècle.

Au premier étage, la garde-robe de Marguerite de Bavière (belle-fille du couple ducal et future duchesse de Bourgogne), possède encore ses peintures murales récemment restaurées. Réalisées à la fin du XIVe siècle par Jean de Beaumetz et son élève Arnoult Picornet, ces œuvres sont un témoignage rarissime de la peinture murale princière en France à la fin du Moyen Âge. Le motif du P et du M, initiales du duc et de la duchesse, qui se développe sur les parois, est accompagné de celui du chardon, noble fleur droite mais piquante, emblème de Marguerite de Flandre. Ce décor, qui se prolongeait autrefois sur le sol et le plafond, se retrouve dans la chambre voisine. Des sondages ont permis de découvrir d’autres peintures murales dans d’autres salles de l’étage, où se déploient roses et marguerites.

Les galetas, ou chambres sous charpentes, qui couronnent le château au second étage, recevaient les courtisans qui accompagnaient le couple ducal dans ses déplacements. Aménagées sous d’immenses charpentes en carène lambrissées ces espaces, auxquels les murs clairs donnaient autrefois leur clarté, recevaient des tapisseries. L’une de ces salles, restaurée au début du XXe siècle, est couverte de peintures murales copiées d’après les originaux rencontrés au premier étage.

Des jardins pour accompagner une résidence ducale

Du jardin organisé par Marguerite de Flandre et de la vaste roseraie qui en était le principal ornement il ne reste plus rien aujourd’hui. Replanté dans le goût romantique anglais à la fin du XIXe siècle, le parc offre un bel espace, planté de vieux arbres, parfois rares, tels un cyprès chauve, un tulipier de Virginie, un ginkgo biloba, un araucaria, ou des bouquets de tilleuls et de cyprès.

Historique

1380 : le duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, acquiert pour son épouse, Marguerite de Flandre, la grange fortifiée de Germolles, par confiscation ;

1382 : début des travaux de réaménagement, qui vont durer plus d’une quinzaine d’années ; la duchesse en fait une luxueuse résidence dont la construction revient à Drouet de Dammartin, maître maçon qui avait travaillé sous la direction de Raymond du Temple au Louvre de Charles V ; elle fait appel aux meilleurs artistes de l’école bourguignonne (Jean de Marville, Claus Sluter, Jean de Beaumetz…) ;

1389 : visite du roi Charles VI ;

1393 : Claus Sluter sculpte le célèbre groupe de Philippe le Hardi et Marguerite de Flandre dans la pierre d’Asnières-lès-Dijon ; le duc et la duchesse de Bourgogne sont représentés sous un orme, entourés de moutons ; on imagine cette figuration moins solennelle, que celle du portail de la Chartreuse de Champmol, qui les présentent agenouillés de part et d’autre de la Vierge ; elle est exécutée à l’époque du voyage que fit l’imagier, en compagnie du peintre Jean de Beaumetz, au château de Mehun-sur-Yèvre, résidence du duc de Berry ;

1399 : une statue de la Vierge sort de l’atelier de Claus Sluter pour être mise sur la porte du château ;

1466 : réparation du groupe de Claus Sluter, qu’on protège des intempéries ;

1873 : des incendies dévastent le château.

Textes : Wikipédia

http://www.chateaudegermolles.fr/

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Dominique Gaye, originaire du nord de la France et vivant actuellement à Chalon/S parcourt l'Asie du Sud-Est (Laos, Vietnam, Thaïlande, Malaisie, birmanie, cambodge) depuis 1976 avec un attachement particulier pour la Thaïlande et le Cambodge. Ses premières photos furent des diapos. Sa dernière "mission" est en terre khmère de novembre 2015 à février 2016 où il a fait plus de 35 000 photos. Ces clichés sont des scènes de tous les jours, des grains de vie, des grains de riz... Vous trouverez d'autres photos de Bourgogne, de Prague, de Vilnius En route pour le voyage...en tuktuk (dites touktouk) ou comme vous voulez

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