Les conscrits, ils ont des chapeaux cotillons, vive Epervans, ils ont des chapeaux colorés, vive L.V.O animation.
C’est à Epervans, dans son garage, qui sert aussi d’entrepôt de son matériel d’animation, que Eric Lavocat, produit de façon très artisanale, depuis 4 ans, ses fameux chapeaux cotillons pour les vagues de conscrits de nos fêtes de villages de Bresse en particulier.
Les rouleaux de 70 mètres de long par 1,90 m de large viennent d’Allemagne, déjà apprêtés. Ils sont en feutre, mélange de laine et de viscose.
Ils sont découpés sur la table de coupe en 4 carrés de 53 cm de côté. Ils sont apprêtés à nouveau avec un produit sympathique totalement bio et naturel dont la formule restera mystérieuse, secret de fabrication oblige. Ils sont ensuite empilés les uns sur les autres par quantité de 150 avec un poids de 7 kg pour les mettre bien à plat. Cet empilement leur permet de conserver un taux d’humidité suffisant et les rend ainsi plus extensibles et donc plus faciles à travailler. L’opération peut durer un à 2 jours.
Vient ensuite le moment clef, la fabrication du chapeau avec une machine de presse à pédale venant de Roumanie. C’est ce type de machine qui était déjà utilisé aux 18e, époque où chapeaux, puis hauts-de-forme étaient très à la mode. Le moule est chauffé entre 110 et 135 degrés. La température est un élément important pour la réussite de la fabrication. On met le carré de feutre que l’on tend par ses oreilles et on donne la forme.
Il faut être 2 pour cette opération. La ficelle sert à faire la liserette du chapeau. L’opération est très rudimentaire, ici pas d’électronique, d’ordinateurs, uniquement 4 mains habiles et passionnées. Le chapeau est ensuite cuit une dizaine de minutes et prend sa forme par thermoformage.
À sa sortie, le chapeau garde ses oreilles pendant une trentaine de minutes, le temps du séchage. On découpe, ensuite, les oreilles aux ciseaux en suivant la ligne de coupe faite par la ficelle, ce qui donne un peu le côté chapeau de cow-boy, un peu la marque de fabrique de la maison. Si tout va bien, on peut faire 200 chapeaux dans la journée. Les déchets sont recyclés.
Le chapeau est ensuite décoré en général d’un ruban de la même couleur.
Chaque couleur de chapeau de conscrit correspond à un âge, le vert pour les 20 ans, le jaune pour les 30, l’orange pour les 40, le rouge pour les 50, ainsi de suite jusqu’à 100 ans. Ainsi à partir de fin janvier, les jeunes nés en 1997, donc de 20 ans, feront la vague avec les autres nés en années finissant par un 7. Au départ, c’était réservé aux jeunes garçons de 19 ans, les classards, qui partaient à l’armée ou hélas à la guerre… peut-être un moment de fête avant les dures épreuves. C’est devenu ensuite une tradition et une coutume. Cette vague, souvent accompagnée par la fanfare municipale va défiler dans le village ou la ville avec un dépôt d’une gerbe aux monuments aux morts souvent en présence du Maire. La vague, c’est le fait que les gens, filles et garçons, soient accrochés par le bras et défilent en allant de gauche à droite… La fin de soirée se finira par un grand banquet avec un bal. Avant la vague, les jeunes courent les conscrits avec un « quart » en alu. Ils font du porte-à-porte pour avoir de la goutte, du vin, et surtout de l’agent pour payer les festivités de la vague à venir.
Les chapeaux peuvent aussi servir pour des soirées privées à thèmes. La prochaine est made Italie (chapeaux rouge blanc et vert) avec une animation totale et un repas organisés par L.V.O
Éric Lavocat fabrique aussi manuellement, à raison de 50 par heure, une cocarde assortie à la couleur du chapeau.
Les moules en aluminium, quant à eux, viennent d’Italie. Ils sont fabriqués par un maître formier, le seul en Europe, à partir d’un prototype en papier mâché ou d’un chapeau existant.
L.V.O propose des chapeaux cotillon de tailles standard en général du 55 pour les dames et enfants et 58 pour les grosses têtes. Ici il n’y pas commande sur internet. Tout se fait encore à l’ancienne, souvent sur place. Il faut compter 1 semaine entre la commande et la livraison. On peut acheter un chapeau à l’unité pour 4,90 ou par 2, par 5, 100 à un prix dégressif bien sûr. Vous n’êtes pas conscrit, pas grave, vous pouvez acheter des chapeaux pour vos soirées…
Cette passion, soutenue uniquement par la Banque populaire, Eric Lavocat a envie, aussi de la partager. Son projet est simple : que des élèves d’école primaire viennent, par petit groupe, voir son travail et que chaque élève fabrique son propre chapeau… avant se lancer, peut-être, beaucoup plus tard dans la vague…
En Partenariat avec ChalonTV.info
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Un peu d’Histoire
La tradition remonte au siècle dernier. A l’époque -révolue- du tirage au sort des conscrits qui s’effectuait à l’Hôtel de Ville, les jeunes hommes de 20 ans faisaient la fête avant d’être appelés à servir sous les drapeaux de longues années. Or, pendant le Second Empire, deux jeunes Caladois (habitants de Villefranche-sur-Saône dans le Rhône) se présentèrent devant les autorités vêtus avec habit noir et gibus. L’année suivante, leurs successeurs firent de même. La coutume s’instaurait.
En 1880, le Caladois Charles HUGAND fut le premier à vouloir fêter l’anniversaire de son tirage au sort, 20 ans après. Au fil des ans, l’idée a été reprise par d’autres. La tradition était née et la fin du tirage au sort en 1905 ne l’a pas arrêtée, ni la suspension du Service militaire en 1998.
Site de la ville de Villefranche (69) où tout semble être parti