7 tableaux musicaux et dansés, 7 vidéos : message aux divinités, intronisation du roi, divertissement au palais royal, cithare crocodile, guérison spirituelle, chant et ensemble funèbres… La période angkorienne revit…

1. Ensemble rituel hindou, Message aux divinités 7e s. (Sambor Prei Kuk)

Nagara-10 ans_1920-296_DxOLa plus ancienne représentation d’instruments de musique au Cambodge remonte au 7e s. À cette époque, la harpe et la cithare monocorde, suivies par les tambours et les cymbales, animent les rituels dans les temples hindous. La combinaison de la musique, du chant et de la danse représentait une offrande aux divinités et une invitation pour les humains à se joindre aux festivités. Dans le temple, les danseuses étaient les acteurs les plus importants après les Brahmanes parce qu’elles pouvaient communiquées directement avec les dieux.

Tous les instruments de musique représentés sur les reliefs des temples cambodgiens sont d’origine indienne. Puis peu à peu, ces instruments sont devenus proprement khmers. Rappelons que l’hindouisation du Cambodge débute vers le 1er s. de notre ère.

2. Cérémonie d’intronisation du roi – Ensemble rituel hindou, 7e s. (Sambor Prei Kuk)

Nagara-10 ans_1920-310_DxOSur un bas-relief du 7e s. nous pouvons voir une cérémonie de purification d’un personnage, probablement un futur roi. Cette cérémonie est encore pratiquée au Cambodge à la fois lors de l’intronisation du roi, mais aussi pour les Khmers du commun (à quelles occasions ?). La culture khmère contemporaine est un mélange de croyances animistes pré-hindouistes, d’hindouisme et de bouddhisme. La culture khmère possède un arrière-plan culturel hindou très ancré en dépit des changements de surface. C’est ce qui caractérise la culture khmère.




3. Divertissement au palais royal de J. VII – ensemble de la cour royale, fin du 12e – début 13e s. (Bayon)

Nagara-10 ans_1920-298_DxOAu 12e et 13e s., sous le règne du roi Jayavarman 7, constructeur de plusieurs temples célèbres tels le Bayon, Ta Prohm ou Preah Khan, ce sont les femmes qui jouent la musique à la cour. Les ensembles sont composés de harpistes, de citharistes, de percussionnistes, de chanteuses et de danseuses.

Si les orchestres féminins sont mentionnés dans l’épigraphie dès 7e s., il existe aussi des orchestres mixtes. Cette tradition des ensembles féminins ou mixtes existe jusqu’à maintenant. Cambodge Living Arts encourage d’ailleurs les femmes à jouer et à chanter.

4. La cithare crocodile (kropeu), jusqu’en 1975

Nagara-10 ans_1920-299_DxOPendant des siècles, le crocodile a hanté l’imagination du peuple khmer. Il était omniprésent et représentait un danger permanent. Il était associé à la mort. Aujourd’hui, l’un des instruments de musique les plus étonnants du Cambodge est certainement  la cithare en forme de crocodile. Mais, nous savons que cet instrument existait il y a mille ans en Asie.

La dernière joueuse de cet instrument nous a quittés voici quelques années. Aujourd’hui, sans l’effort de renaissance de Cambodian Living Arts, l’instrument serait oublié. Cette cithare a le timbre caractéristique des cithares indiennes qui produisent un son particulier, avec des vibrations parasites que certaines cultures trouveraient indésirables.

 

5. La guérison spirituelle – Phleng areak, jusqu’à maintenant

Nagara-10 ans_1920-302_DxOUn autre ensemble musical est apparu à une date encore indéterminée pour l’instant, disons entre les 17e et 18e siècles, ou peut-être avant. Des recherches sont en cours. Cet orchestre se compose de la cithare monocorde du 7e s. que nous avons entendu tout à l’heure et d’autres instruments d’origine orientale venus par l’Indonésie ou la Malaisie, adoptées par la culture khmère et adaptées pour ses propres besoins. Ces instruments sont le chapey, un luth à manche long descendant des luths arabo-persans, le pei o, proche cousin du duduk arménien et le tro khmer, un cousin du kemanche.

Ce tableau est joué par la dernière famille de musiciens traditionnels de Siem Reap à jouer ces instruments. Avant la révolution Khmère rouge, cet ensemble était commun pour animer mariages et cérémonies chamaniques à vocation thérapeutique.

6. Chant funèbre smot, jusqu’à maintenant

Nagara-10 ans_1920-303_DxOAu cours du développement du bouddhisme Theravada, la forme actuelle au Cambodge, une pratique vocale appelé smot apparaît, probablement développée dès le 16e s. Elle se compose de textes bouddhiques et d’évocations poétiques de la vie du Bouddha. Ce chant a cappella est caractérisé par ses mélismes, c’est-à-dire des ornementations mélodiques. Ces textes sont chantés lors des funérailles, tandis que le défunt est encore dans la maison.



7. Ensemble funèbre kantoam ming, jusqu’en 1975

Nagara-10 ans_1920-306_DxOLes instruments de l’ensemble funéraire appelé kantoam ming sont représentés dès le 16e s. sur les bas-reliefs d’Angkor Vat. Cet ensemble a été joué jusqu’à la révolution des Khmers rouges. Il ne reste plus aujourd’hui que trois ensembles au Cambodge. L’une des particularités de cet ensemble est la position des musiciens. Chacun regarde dans une direction différente, ce qui symbolise la dispersion des âmes et du corps. L’orchestre est composé d’un hautbois, d’un carillon de gongs, d’un tambour et deux gongs.



  • Nagara-10 ans_1920-311_DxOMusiciens ASAP
  • Textes : Patrick Gourlay
  • Filmés en décembre 2015 à la Golden Silk Farm de Siem Reap
  • Conditions techniques : Lumière ambiante, Appareil photo Lumix GH4, sans pied, micro de l’appareil photo










 

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Dominique Gaye, originaire du nord de la France et vivant actuellement à Chalon/S parcourt l'Asie du Sud-Est (Laos, Vietnam, Thaïlande, Malaisie, birmanie, cambodge) depuis 1976 avec un attachement particulier pour la Thaïlande et le Cambodge. Ses premières photos furent des diapos. Sa dernière "mission" est en terre khmère de novembre 2015 à février 2016 où il a fait plus de 35 000 photos. Ces clichés sont des scènes de tous les jours, des grains de vie, des grains de riz... Vous trouverez d'autres photos de Bourgogne, de Prague, de Vilnius En route pour le voyage...en tuktuk (dites touktouk) ou comme vous voulez

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